La foire aux questions
Trouvez les réponses aux questions que vous vous posez sur l’électricité en Nouvelle-Calédonie et son impact sur Enercal.
Comment fonctionne l'électricité calédonienne ?
Une douzaine d’entreprise permet de produire et d’acheminer l’électricité chez le consommateur.
> La Production d’électricité est un marché concurrentiel composé d’une dizaine d’opérateurs. Les projets sont choisis par le gouvernement sur appel d’offres.
> Le Transport de l’électricité est, comme dans tous les pays du monde, géré par un opérateur unique qui achète l’électricité aux producteurs et la vend aux distributeurs. Il est alors garant de l’équilibre en temps réel entre la production et la consommation. Cette mission en Nouvelle-Calédonie est confiée à Enercal.
> La Distribution de l’électricité est un marché concurrentiel entre les deux opérateurs EEC-Engie et Enercal. Les communes choisissent leur Distributeur sur appel d’offres pour entretenir leurs réseaux et commercialiser l’électricité aux clients.
Quel est le lien entre l’électricité de la métallurgie et celle des calédoniens ?
Il n’y a pas de lien économique entre l’électricité des métallurgistes et celle des particuliers et professionnels calédoniens.
> Les usines métallurgiques ont, chacune, leur propre centrale. Elles choisissent et financent le moyen de production qui répond le mieux à leur besoin.
> L’électricité des calédoniens est économiquement autonome et dissociée de celle des métallurgistes.
Techniquement, l’électricité des calédoniens bénéficie de la présence des centrales des métallurgistes :
> S’il n’y avait ni la SLN, ni PRNC, Enercal devrait investir dans des moyens de production supplémentaires, des infrastructures portuaires pour l’approvisionnement en combustibles etc…
> La présence de la SLN et de PRNC qui sont de gros consommateurs d’électricité stabilisent le réseau électrique en pouvant absorber des instabilités électrotechniques.
> Enercal a établi un contrat avec la SLN qui lui permet, en cas de manque de production disponible pour les Calédoniens, de faire baisser la puissance des fours de façon à pouvoir acheter de l’électricité de la CAT.
Quelle est la situation de l’électricité calédonienne ?
> Techniquement, la Nouvelle-Calédonie a entamé sa transition énergétique.
Aujourd’hui, l’électricité livrée aux particuliers et professionnels calédoniens est constituée à parts égales d’énergies thermiques et d’énergies renouvelables, contre respectivement 90% / 10% il y a moins de 10 ans.
> Économiquement, l’électricité calédonienne est déficitaire : les recettes ne couvrent pas les dépenses induites par la douzaine d’acteurs du secteur.
Entre juillet 2023 et juin 2024 :
> Le total des ventes de l’électricité s’élève à 29 milliards CFP alors que les dépenses induites par la douzaine d’acteurs pour la produire, la transporter et la distribuer + les prélèvements et taxes s’élèvent à 34,8 milliards CFP
> Dit autrement : l’électricité vendue en moyenne à 39 CFP / kWh* a en réalité coûté plus de 47 CFP / kWh TTC. (35 CFP vs 42 CFP en 22-23)
* (hors métallurgie du nickel)
Cela représente 8 CFP de perte par kWh, soit près de 6 milliards CFP sur l’année (740 GWh / an).
Entre janvier 2013 et septembre 2024, parce que le déficit varie chaque année, la différence entre les recettes et les dépenses induites par la douzaine d’acteurs du secteur, représente 20,6 milliards CFP.
Pourquoi Enercal est-elle impactée par ce déficit ?
Enercal jour le rôle de banquier de l’électricité calédonienne pour le compte de la Nouvelle-Calédonie
La Nouvelle-Calédonie (gouvernement et congrès) régule et contrôle les recettes et les dépenses de l’électricité calédonienne ; c’est-à-dire qu’elle détermine la rémunération de la douzaine d’opérateurs du secteur et fixe l’ensemble des prix de vente de l’électricité entre acteurs et aux consommateurs.
De 2008 à 2024, les gouvernements successifs ont fait le choix de ne pas répercuter l’évolution des coûts de l’électricité sur le prix de vente aux consommateurs, hormis les 11% d’augmentation votés en 2022-2023.
En conséquence, le gouvernement a demandé à Enercal Transport de vendre à perte aux Distributeurs et il doit rembourser à Enercal cette perte de chiffre d’affaires avec le budget de la Nouvelle-Calédonie. Ce qu’il n’a quasiment jamais fait, obligeant Enercal à supporter la différence et de jouer, pendant plus de 15 ans, le rôle de banquier de l’électricité calédonienne pour le compte de la Nouvelle-Calédonie.
Comment Enercal fait face à la situation ?
Enercal est la seule entreprise à pouvoir jouer ce rôle :
> Enercal est une entreprise calédonienne qui ne renvoie pas d’argent à un siège en France ou ailleurs, qui ne verse pas de dividendes à ses actionnaires.
> Enercal est une entreprise rentable sur ses trois activités de producteur, de transporteur et de distributeur :
- Son chiffre d’affaires de 30 milliards CFP tient compte de la dette annuelle du gouvernement (entre 5 et 8 milliards CFP / an)
- Elle paye plus d’1 milliard d’impôt sur les sociétés par an au territoire
- Sa performance est confirmée par les audits réalisés par la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) en 2019 et par la Chambre Territorial des Comptes en 2020. La CRE indique qu’Enercal est plus performante que ses concurrents : Enercal gère près de 2 x plus de km de réseau qu’EEC mais les coûts d’exploitation par km de réseau sont de 2,5 fois inférieurs chez Enercal que chez EEC et le nombre de salariés par km de réseau est presque que 4 fois inférieur chez Enercal que chez EEC
> Enercal a la confiance des banques qui lui ont prêté près de 11 milliards en moins de trois ans pour compenser le non versement par le gouvernement d’une partie de son chiffre d’affaires.
> Enercal est en mode gestion de crise depuis plus de 10 ans en faisant des économies constantes. Dernièrement elle a acté :
- Une baisse de 13% des charges d’exploitation en 2022-2023 dans un contexte de forte inflation.
- Le gel des salaires depuis 2022.
- Le report des investissements non indispensables. Enercal maintient la maintenance des infrastructures existantes.
Est-ce que l’électricité coûte trop chère en NC ?
L’électricité en NC n’est ni la moins chère, ni la plus chère du monde.
Le coût de l’électricité en 2023-2024 était de 47 CFP TTC / kWh en Nouvelle-Calédonie ; il est de 59 CFP TTC / kWh à la Réunion qui a une consommation et des contraintes proches de celles de la Nouvelle-Calédonie.
Le prix du kWh vendu en Nouvelle-Calédonie reflète :
> Les contraintes qui sont les nôtres :
- La nécessité d’être 100% indépendant en termes de capacité de production ; on ne peut pas acheter de l’électricité en dépannage
- La faible consommation qui empêche de bénéficier de production très bas coût comme le nucléaire.
- La dépendance encore forte aux combustibles fossiles : sur les 20 dernières années, les crises de 2005, 2012-2013 et 2022 ont chaque fois renchéri les couts de l’électricité.
> Et les atouts :
- La présence des métallurgistes permet un partage de certains coûts comme les infrastructures portuaires et d’en éviter d’autres comme certains moyens de production supplémentaires…
A noter :
La Nouvelle-Calédonie ne bénéficie pas, comme dans les autres territoires d’outre-mer de la péréquation tarifaire métropolitaine où, pour maîtriser l’impact prix sur le consommateur, c’est l’Etat qui règle à EDF la part des coûts qu’elle souhaite prendre à sa charge, comme ici, la NC devrait le faire pour Enercal.
Qu’est-ce qui a fait augmenter les coûts de l’électricité ces dernières années ?
Les dernières années ont été marquées par :
- La hausse des coûts des combustibles : + 5 milliards CFP / an en 2022 et 2023
- L’inflation sur le matériel électrique spécialisé : environ + 3%
- Le coût cumulé de la transition énergétique sur 10 ans (2013-2023) : 12,5 milliards CFP (surcoût d’achat des énergies de 9 milliards CFP + investissements de 3,5 milliards CFP)
Comment sécuriser le financement de l'électricité calédonienne ?
Les solutions appartiennent à la Nouvelle-Calédonie qui régule et contrôle tous les coûts et les prix de l’électricité calédonienne.
La délibération adoptée le 22 août 2024 prévoit un financement sécurisé de l’électricité calédonienne :
1. L’équilibre entre les recettes et les dépenses de l’électricité calédonienne.
Le texte prévoit :
> Entre 2024 et 2026, un alignement progressif des prix de vente de l’électricité sur les coûts réels de production et d’acheminement. Cela permet de :
- Limiter l’impact sur les budgets des calédoniens
- Donner le temps aux calédoniens d’adapter leurs consommations
- Donner le temps à la douzaine d’acteurs du secteur de faire baisser leurs coûts de fonctionnement et d’exploitation et viser ainsi une augmentation du prix de vente moindre que si elle devait être appliqué en une seule fois aujourd’hui
> A partir de 2027, le prix de vente de l’électricité sera automatiquement réévalué, à la hausse ou à la baisse, sur les coûts réels de production et d’acheminement.
> Dès 2024, la réduction des coûts induits par la douzaine d’acteurs du secteur de la production et de l’acheminement. C’est la première fois qu’une telle mesure est prise ; seule Enercal étant sollicitée depuis 10 ans, alors qu’elle ne pèse que pour 50% des coûts totaux de l’électricité.
2. La prise en charge par la Nouvelle-Calédonie de la part des coûts non couverte par les ventes entre 2024 et 2026
3. Le remboursement par la Nouvelle-Calédonie à Enercal de sa dette cumulée entre 2013 et 2024
Pourquoi l'Etat aide-t-il Enercal ?
En réalité, l’Etat accorde des aides d’urgence à la Nouvelle-Calédonie dans le cadre de la crise actuelle que connaît le territoire ; la Nouvelle-Calédonie en utilise une part pour rembourser ce qu’elle doit à Enercal.
En 2024, la différence entre les recettes et les coûts réels de l’électricité (production, acheminement et taxes) sera d’environ 6 milliards CFP. Enercal avance cette somme et la Nouvelle-Calédonie doit lui rembourser. Le remboursement de cette dette est aujourd’hui prévue par le texte du 22 août 2024.
Dans le cadre de la crise actuelle, l’Etat accorde à la Nouvelle-Calédonie des aides d’urgence dont une part est destinée à permettre à la Nouvelle-Calédonie de rembourser une partie des 6 milliards CFP dus à Enercal en 2024.
A date, la Nouvelle-Calédonie a versé à Enercal, avec l’aide de l’Etat, les sommes suivantes à déduire des 6 milliards CFP dûs au titre de la différence entre les recettes et les coûts de l’électricité sur 2024 :
- 1,7 milliard CFP en août
- 573 millions CFP en septembre
La Nouvelle-Calédonie doit encore 3,8 milliards CFP à Enercal pour l’année 2024.
Enercal a-t-elle vraiment besoin des plus de 20 milliards que la Nouvelle-Calédonie lui doit ?
Enercal doit passer d’un endettement « de crise » à un endettement « d’investissements » pour assurer ses missions indispensables à l’électricité calédonienne :
> Pour faire face à la situation qui dure depuis 10 ans, Enercal s’est fortement endettée ; elle doit rembourser :
- son impôt sur les bénéfices dont le report de règlement a été consenti par le gouvernement en 2023.
- ses emprunts bancaires : plus de 11 milliards CFP
> Enercal doit retrouver une capacité à investir dans l’électricité calédonienne :
- 5 milliards CFP / an d’investissements réguliers (versus 2,5 milliards CFP possible aujourd’hui) pour le développement et la maintenance des infrastructures de production et de réseau existantes.
- Le financement des projets structurants : La STEP, la prolongation de durée de vie de Yaté, les adaptations de réseau pour raccorder des centrales renouvelables et les moyens de stockage prévus dans le STENC 1…
Est-ce aux calédoniens de payer pour une mauvaise gestion passée ?
La question est plutôt : est-ce au contribuable (celui qui paye des impôts) ou au consommateur de payer l’électricité consommée en NC ?
La réponse du congrès, dans le contexte actuel, est de responsabiliser le consommateur.
Y a-t-il des économies à faire ?
Le gouvernement qui contrôle et régule l’ensemble des coûts des acteurs de l’électricité estime qu’il y a des pistes réelles pour les réduire.
Enercal, sous la contrainte d’avoir à jouer le rôle de banquier de l’électricité calédonienne pour le compte de la Nouvelle-Calédonie sur ces 10 dernières années, a entretenu une performance reconnue par les différents audits réalisés sur sa gestion, notamment ceux de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) (2019) et de la Chambre Territorial des Comptes (2020). Ils attestent que les coûts d’exploitation d’Enercal sont les plus performants du secteur :
- Les coûts d’exploitation par km de réseau 2,5 fois inférieurs chez Enercal que chez EEC
- Le nombre de salariés par km de réseau presque que 4 fois inférieur chez Enercal que chez EEC )
Enercal ne pèse que pour 50% des coûts de l’électricité. Il y a surement des économies à aller chercher sur les 50% restants.
Est-ce qu’une fusion entre EEC et Enercal ferait réduire les coûts ?
La présence d’un seul opérateur calédonien pour le Transport et la Distribution, comme l’est Enercal sur 25 des 33 communes, permettrait à moyen/long terme :
- Techniquement, une amélioration de la qualité de fourniture et une diminution des temps de coupure en cas d’incident grâce à la synergie Transport/Distribution.
- Economiquement, des économies liées à l’optimisation de certaines fonctions aujourd’hui doublées et la garantie que les revenus soient en totalité réintégrés dans l’électricité calédonienne.
Est-ce que la transition énergétique et les énergies renouvelables vont faire baisser les coûts ?
Les énergies renouvelables vont surtout permettre de stabiliser les coûts de l’électricité :
- Elles sont, hors crise des combustibles, plus chère que le thermique : 9 milliards de surcoûts sur les 10 dernières années mais leur prix baisse
- Elles nécessitent d’adapter les infrastructures de réseau: 3,5 milliards CFP sur les 10 dernières années et plus de 5 milliards CFP à venir
- Elles nécessitent de développer du stockage : 50 milliards CFP pour une STEP par exemple
- mais elles nous rendent moins dépendants des combustibles fossiles importés dont les cours fluctuent et renchérissent les coûts de notre électricité à chaque crise
Est-ce que les SMR feraient baisser les coûts de production ?
Les SMR, ou petites centrales nucléaires, pourraient être intéressants à l’avenir pour la NC.
Enercal suit de près leur évolution ; notamment, les projets français qui garantissent les conditions de sécurité d’exploitation. Enercal est bien placée puisque les premiers SMR français sont développés par EDF, actionnaire d’Enercal.
A date :
- Rien ne sera commercialisé avant 2035 ou 2040
- Le plus petit réacteur est encore gros pour les besoins de la NC
- Les tarifs ne seront pas ceux du « gros » nucléaire
Mais d’ici 2035, les puissances peuvent évoluer, les prix aussi. A suivre… mais ce n’est pas une solution aux problèmes d’aujourd’hui.
Faut-il baisser les prix de rachat du solaire individuel sur toiture ?
Les installations solaires individuelles sont destinées à consommer ce que l’on produit, pas à revendre ce que l’on produit.
Pourquoi ?
En consommant ce qu’on produit, on privilégie les circuits courts et on achète moins d’électricité au réseau. Enercal fait donc moins appel aux moyens de production. Et le kWh le moins cher est celui que l’on ne produit pas. Quand on est équipé de batterie de stockage à la maison, le bénéfice augmente puisque l’électricité produite en journée peut être consommée le soir.
En vendant ce qu’on produit, on oblige Enercal à acheter une électricité plus chère que celles produites par les centrales solaires classiques. Acheter de l’électricité à 21 ou 15 CFP le kWh quand on pourrait l’acheter à 7 CFP/kWh c’est contre -productif. Cela contribue à renchérir les coûts de l’électricité calédonienne.
Sur quoi bâtir l’électricité calédonienne de demain ?
Pour garantir une alimentation électrique de qualité, au meilleur coût et avec le moindre impact environnemental, l’électricité de demain reposera sur 3 éléments :
- 2/3 de production solaire : c’est aujourd’hui une énergie abondante et de moins en moins cher
- Le stockage : c’est la seule manière de contourner les défauts du solaire : production uniquement en journée quand il faut beau
- 1/3 de thermique décarboné : c’est la seule manière de stabiliser les paramètres électrotechniques de l’électricité, de pousser à son maximum la place du renouvelable et de parer aux aléas météos qui empêchent la production renouvelable (soleil, eau, vent).